Méconnaissance ou occultation ?

Les algériens ne connaissent pas l’histoire de leur pays. Ce ne sont pas les jeunes seulement qui ignorent l’histoire mais également les plus âgés et même ceux qui sont comptés parmi l’élite. Un ami universitaire et d’un certain âge assez avancé me disait qu’il vient de lire un ouvrage sur l’histoire de notre pays écrit par un spécialiste français et qui relate le génocide perpétré par la France coloniale sur la population de Laghouat. Il a fallu qu’il l’apprenne par un auteur non –Algérien. Nos historiens sont grandement fautifs dans la méconnaissance de notre propre histoire et souvent ils se contentent de reprendre ce qui a été écrit par d’autres.
Qu’en est-il du massacre de la ville de Laghouat dans nos manuels scolaires ? Pas un mot, pas un seul ! Et Benacer Benchohra, l’illustre combattant qui a été de tous les combats contre l’usurpateur ? Là aussi pas le traître mot ! Lui, qui a mené une lutte sans merci contre l’occupant pendant près de trente années, il n’a même pas eu la plus élémentaire satisfaction, celle de voir son corps enseveli dans la terre pour laquelle il a combattu.
Que devons-nous comprendre ? Méconnaissance ou volonté claire et affichée d’occulter l’histoire de notre pays et de nos personnalités nationales.
Que reste-t-il à faire dans un cas pareil ? La réponse s’impose d’elle-même : il faudrait que notre élite écrive sa propre histoire locale et la fasse connaître aux jeunes générations. Nous observons ces derniers temps un certain balbutiement avec l’ouvrage de si Mohamed Chettih avec « ‘am el Khalia » et le projet de notre frère et ami Amine Soukehal mais cela reste très peu devant l’ampleur de l’occultation voire de la falsification.
Et, il faut dire, que c’est un travail auquel doivent s’associer l’organisation des moudjahidine, les associations culturelles de la ville et toutes les bonnes volontés pour le mener à bien. Cela doit être un travail scientifique mené par des spécialistes avec des faits historiques authentiques et vérifiés. Et pourquoi pas dans le cadre d’une fondation « Benacer Benchohra » à l’instar d’autres fondations qui ont vu le jour à travers le pays ?
Ce projet, a-t-il la chance de voir le jour ? Nous l’espérons de tout cœur. En tout cas nous ne cesserons pas de réclamer à toutes les occasions qui s’offrent à nous pour que la vérité historique soit rétablie. Le blog, avec son peu de moyens mais avec la si précieuse collaboration de ses amis, essaie de lever le voile sur des pans de notre histoire locale. Ce sera au moins quelque chose de fait, aussi minime soit-il, en attendant qu’un travail plus structuré et plus scientifique ne soit lancé, pour notre grand bonheur.
J’attends de mes amis des avis et des suggestions pour enrichir le débat sur ce grand sujet qui nous concerne tous.

Mohamed Ben Chikh Al Aghouati le 22 mars 2010